Jet FM, implantée en Loire-Atlantique depuis près de 40 ans et reconnue comme un acteur local majeur de l’éducation aux médias, alerte sur la menace existentielle qui pèse sur les radios associatives de proximité. Le projet de loi de finance 2025 prévoit en effet une coupe budgétaire de 30% du Fonds de soutien à l’Expression Radiophonique (FSER)… alors même que le budget de la culture est maintenu. Veut-on la mort des radios associatives ?
Nous, Jet FM, radio associative implantée depuis 40 ans dans le quartier populaire de Bellevue, à cheval entre Saint-Herblain et Nantes, tenons à faire part de notre profonde inquiétude face au Projet de Loi de Finances 2025, présenté jeudi 10 octobre par le gouvernement. Celui-ci prévoit une réduction de près de 30 % du Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) qui nous est dédié. Les radios associatives sont clairement visées : le FSER est rattaché, au sein du Ministère de la Culture, à la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, la DGMIC, qui doit réaliser au total 12 millions d’euros d’économies. 87 % de cette réduction (10,4 millions d’euros) est fléché sur le FSER… alors que les radios associatives locales ne représentent que 4% de l’enveloppe budgétaire globale !
Cette coupe budgétaire, d’une ampleur inédite et surtout massive à l’échelle de nos modestes structures locales,menace directement la pérennité des 770 radios associatives et de 800 emplois en France.
Le FSER représente en effet en moyenne 30% à 40% des produits des radios associatives et la baisse annoncée correspond à une diminution immédiate minimum de 10% de nos budgets, soit, a minima, un poste ETP par structure. De nombreuses radios associatives, et tout particulièrement celles de petites tailles (1 à 3 salariés), ne pourront tout simplement pas survivre à ce nouveau choc budgétaire.
En Pays-de-la-Loire, nous sommes 30 radios associatives (dont 20 fédérées au sein de la Frap) réparties sur tout le territoire, notamment dans les zones rurales et les quartiers Politique de la Ville. Nous représentons 130 salariés (sur un total de 360 dans la radiodiffusion) et regroupons plus de 2 000 bénévoles.
Nos radios créent du lien social de proximité et offrent une plateforme d’expressions diversifiées aux citoyens. Ainsi nous donnons très largement la parole aux acteurs locaux qu’il s’agisse d’associations, d’initiatives citoyennes, d’élus ou d’artistes. Nous formons aussi en proximité de nombreux jeunes (services civiques et stagiaires) tout au long de l’année et menons surtout de très nombreux projets d’éducation aux médias et à la culture via l’outil radio.
A titre d’exemple, Jet (5 à 6 ETP), outre ses activités radio et culturelles, porte chaque année une cinquantaine de projets en direction de scolaires mais aussi de publics fragilisés : personnes avec des handicaps, en situation de précarité, âgées, incarcérées, femmes des quartiers populaires,… Nous formons aussi du personnel encadrant (enseignants, éducateurs, infirmiers, …) pour qu’ils puissent utiliser l’outil radio de manière ludique et autonome dans leurs projets éducatifs et sociaux. Ces 10 dernières années, Jet a ainsi accompagné près de 10 000 personnes de tous âges et de tous horizons dans la découverte et la pratique radiophonique.
Les radios associatives, véritables entreprises de l’économie sociale et solidaire, jouent un rôle essentiel dans la vie démocratique, culturelle et sociale de nos territoires. La réduction du FSER de 30 % entraînerait des conséquences irréversibles : suppression de plus de 800 emplois dans un secteur déjà fragilisé par les augmentations de charges d’exploitation et la diminution d’aides publiques, (tels que les emplois aidés), recul du pluralisme, appauvrissement de la diversité médiatique locale, et affaiblissement de l’offre culturelle locale.
Cette coupe budgétaire est d’autant plus paradoxale que les radios associatives sont en première ligne de l’éducation aux médias et à l’information, une mission essentielle face aux défis contemporains : concentration des médias, croissance de l’intelligence artificielle et explosion des fake news, infobésité.
La réduction drastique du FSER parait d’autant plus incompréhensible qu’elle diverge avec les priorités affichées et assumées par l’État lors des derniers exercices budgétaires et avec les grandes orientations définies par des initiatives telles que les États Généraux de l’Information, le Livre Blanc de l’ARCOM, ou encore tout récemment le Printemps de la Ruralité.
Jet FM appelle donc, aux côtés des syndicats et fédérations de radios associatives, à une forte mobilisation pour que le projet de loi de finance 2025 soit amendé. Un impératif pour préserver la diversité et la vitalité des radios associatives en France et réaffirmer l’importance du pluralisme des médias, de la culture, de l’économie sociale et solidaire et de la démocratie locale.
Contacts :
Marine Combes, présidente de l’association Jet : vieassociative@jetfm.asso.fr
Fédération des radios associatives des Pays-de-la-Loire (FRAP) : direction@lafrap.fr
Sylvain DELFAU, co-président de l’association Les Locales et vice-président du Syndicat National des radios libres (SNRL) : contact@snrl.fr / 06.16.04.13.54
Jean-Marc COURREGES-CENAC, Co-président Les Locales et de la Confédération Nationale des Radios Associatives (CNRA) – : contact@cnra.eu 06.83.80.01.90